Le Maroc fait partie des pays qui ont ratifié la convention CEDEF (ou CEDAW).
Deux pas en avant, un pas en arrière ! Voilà, en quelque sorte, le chemin que parcours le Maroc en matière de droits des femmes. Nous avançons quand même me direz-vous ? Soit, mais parfois l'avance n'est qu'illusoire tant le frein mis à l'évolution des droits peut annihiler complètement les espoirs contenus dans une déclaration ou dans les quelques mots d'une nouvelle loi ! Ainsi, en ce qui concerne la violence domestique, aucune loi n'existe pour garantir la protection des femmes victimes.
Bien entendu, dernièrement, le secrétaire d'état chargé de la protection sociale et de la famille a présenté un plan visant à revaloriser la condition des femmes dans la société marocaine. Ce plan a déjà soulevé une opposition farouche dans le milieu islamiste qui entend bien préserver les valeurs de la loi islamique en matière de domination patriarcale exercée sur les femmes. Ainsi, lorsque le gouvernement entame une révision de la constitution, se penche de nouveau sur la polygamie, sur le dossier du mariage ou encore sur le bien fondé de la répudiation, il reste profondément timide dans ses remaniements. Fort est de constater alors l'insuffisance des mesures prises !
La réforme du Code du statut personnel reste superficielle et ne remet pas en question certaines formes de discrimination en ce qui concerne les droits civils, économiques et sociaux-culturels. Ainsi, à aucun endroit de la constitution n'est spécifié l'égalité entre l'homme et la femme dans ces domaines. L'âge minimum du mariage pour la femme est toujours placé à 15 ans. De plus, le code maintien la tutelle matrimoniale pour la femme majeure. Ceci signifie que malgré le fait que la femme puisse choisir son époux, elle ne le peut entièrement seule car il lui faut également l'aval de son tuteur (souvent son père appelé aussi Wali).
Le droit de dissolution unilatérale du mariage (Répudiation) n'est octroyé uniquement qu'au mari. Ainsi, ce dernier dispose comme il l'entend du sort de sa ou de ses épouses en cas de litige ou de mésentente : la puissance maritale dans les relations conjugales n'est plus à prouver. Dans le cas le plus tragique, c'est-à-dire l'assassinat d'une femme prise en flagrant délit d'adultère, le mari, instigateur du crime n'est, la plupart du temps, que faiblement réprimé par la justice. En outre, il existe bon nombre de cas de violence physique et d'abus sexuels exercés sur les femmes marocaines. Mais les rapports ne sont pas légions car dans le cas de viols sur mineures ou femmes non mariées, les victimes n'osent pas parler par peur de représailles ou de rejet. En effet, l'une des principales conditions qui donne la possibilité à une femme de pouvoir se marier, puis de devenir une mère plus ou moins respectée dans son rôle, est la preuve de sa virginité. Une femme violée peut être rejetée par les familles pour le restant de sa vie. D'où son silence et sa solitude dramatique.
En fin de compte, il est évident de constater que les efforts consentis par le gouvernement pour améliorer la condition des femmes marocaines sont trop faibles et malheureusement pas assez sincères pour espérer voir apparaître un changement concret dans leur vie quotidienne et dans ce qui est le plus difficile à faire évoluer : les esprits ressérés par les conditionnements et la négativité.